Premier constat, les troubles chez les seniors (mais aussi auprès d’une population plus jeune) est souvent un sujet tabou dont peu d’hommes osent en parler. Cependant cette problématique surviendra plus souvent auprès des personnes plus âgées. Honte ou tabou ? Personnellement, je ne le pense pas. Cela fait partie des petits soucis que nous, les hommes, pouvons rencontrer occasionnellement ou plus régulièrement en fonction de l’âge.
Une majorité d’hommes et femmes continue à avoir des rapports en vieillissant.
C’est une bonne chose car il semble que les seniors qui ont moins de relations sont davantage susceptibles d’avoir des problèmes de santé mentale et physique.
L’analyse de ce phénomène a été menée par les britanniques Lee Smith, maître de conférences en activité physique et santé publique, Daragh McDermott, directeur de l’École de psychologie et sciences du sport et Sarah Jackson, chercheuse en psychologie.
Une idée reçue courante voudrait que les personnes plus âgées perdent tout intérêt pour le sexe, et n’adoptent plus de comportement « sexualisés ». Mais si l’on en croit les résultats d’une enquête britannique menée par l’ University College de Londres, ce n’est pas le cas.
Celle-ci a révélé que 85 % des hommes de 60 à 69 ans déclarent être actifs, tout comme 60 % de ceux de 70 à 79 ans et 32 % de ceux de 80 ans et plus. De leur côté, les femmes sont moins actives à mesure qu’elles prennent de l’âge, mais certaines études montrent que, tout comme les hommes, nombre d’entre elles veulent aussi continuer à avoir des rapports en vieillissant. Des recherches menées aux États-Unis font d’ailleurs état de niveaux similaires d’activité dans les groupes d’âge précités.
Le fait que tant de gens continuent à avoir des relations en vieillissant est une bonne nouvelle, puisque nos travaux récents semblent indiquer, que les personnes âgées qui ont moins de relations sont davantage susceptibles d’avoir des problèmes de santé et physique.
Toujours à l’œuvre
Nos travaux nous ont amenés à nous intéresser à la vie de 2577 hommes et 3195 femmes âgées de 40 ans et plus. Nous leur avons notamment demandé s’ils avaient constaté un déclin, au cours de l’année écoulée, de leur désir, de la fréquence de leur activité ou de leur capacité à avoir une érection (pour les hommes) ou à se sentir excitée (femmes).
Les adultes les plus âgés apprécient davantage leur vie lorsqu’ils sont actifs selon Rullier/Pixabay.
Nous avons découvert que les hommes qui déclaraient ressentir un déclin de leur désir étaient plus susceptibles de développer un cancer ou d’autres maladies chroniques limitant leurs activités quotidiennes. Les hommes et les femmes qui rapportaient une diminution de la fréquence de leurs rapports étaient eux aussi davantage enclins à considérer leur santé comme moins satisfaisante. Et les hommes atteints de troubles de la fonction érectile se sont aussi avérés davantage touchés par le cancer et les maladies coronariennes.
Il est cependant important de souligner que ces changements du désir ou des fonctions pourraient avoir été une conséquence de ces pathologies, à un stade où elles n’avaient pas encore été diagnostiquées.
Nos recherches ont également révélé que les adultes plus âgés apprécient davantage l’existence lorsqu’ils sont actifs.
À l’inverse, ceux qui voient leur activité décliner déclarent se sentir moins bien dans leur peau que ceux chez qui le désir, l’activité et les fonctions sexuelles se maintiennent. Nous avons aussi découvert que les performances cognitives des hommes qui demeurent actifs à un âge avancé sont meilleures que celles des hommes qui n’ont plus de relations.
Les hormones du bien-être
Ce n’est un secret pour personne : le sexe peut être une source de bien-être. Ceci s’explique par le fait que, durant les relations, le corps produit des endorphines, lesquelles génèrent un sentiment de joie ou d’exaltation. Les conséquences vont au-delà de l’amélioration de l’humeur, puisqu’on sait que des niveaux élevés d’endorphine sont associés à une plus grande activation du système immunitaire, ce qui peut avoir pour conséquence une réduction du risque de cancer et de maladie cardiaque.
Les recherches suggèrent aussi que les personnes qui ont des relations avec leur partenaire sont plus susceptibles de partager une relation plus forte. Or se sentir plus proche de son partenaire a été associé à une meilleure santé mentale.
Le sexe peut vous garder proches en couple, réduire votre niveau de stress et renforcer votre système immunitaire selon Brandon Roberts/Pixabay
Il est également important de se souvenir qu’avoir des rapports, c’est faire de l’exercice – souvent d’intensité modérée. Il est possible de brûler jusqu’à quatre calories par minute de cette façon. Or toute activité physique s’accompagne de bénéfices pour la santé – et le sexe ne fait pas exception. Une activité régulière peut donc se traduire par des avantages en termes de santé physique et mentale.
Changer de position
Le sexe n’est bien entendu pas le seul facteur permettant d’améliorer la santé et le bien-être lorsqu’on atteint un âge avancé. Mais nos travaux montrent que les seniors ne sont pas exempts de désir, et qu’il pourrait être intéressant de mettre en avant l’intérêt de garder une vie active à mesure que l’on vieillit. Celle-ci pourrait permettre d’améliorer la santé mentale (et peut-être physique).
Malheureusement, les incitations à explorer de nouvelles activités ou à tester de nouvelles positions ou pratiques s’adressent rarement aux personnes âgées… En outre, bien souvent lorsqu’il s’agit d’aborder ces questions, les médecins préfèrent la politique de l’autruche, évitent d’aborder le sujet.
De telles discussions pourraient peut-être aider à remettre en question les normes et les attentes en matière d’activité. Ce qui, comme le montrent nos recherches, pourrait aider les gens à mener une vie plus satisfaisante et plus saine – et à vivre plus vieux.